Stéphane Bern dans Hep Taxi ! du dimanche 22 janvier sur la Deux.
Qu’il dérange ou qu’il plaise, Stéphane Bern a le chic pour exceller dans tout ce qu’il entreprend. En plus d’être aux yeux du public l’ami des têtes couronnées, il est à la fois journaliste, présentateur télé, animateur radio, écrivain, producteur et accessoirement comédien. Cet infatigable touche-à-tout fêtera ses 20 ans de carrière médiatique l’an prochain. C’est au fil d’émissions décalées et déjantées qu’il a su casser l’image de présentateur coincé et propret qu’il s’était forgé malgré lui au début de sa carrière. La série de documentaire Secrets d’Histoire, elle, lui a donné du corps. Son livre « Secrets d’histoires 2 » est en librairie depuis quelques mois. Il est à présent, une tête couronnée… de succès et se confie à Jérôme Colin dans Hep Taxi ! avec beaucoup d’humour.
Retrouvez l’interview intégrale de Stéphane Bern, plus rien ne vous sera caché !!!
"Hep Taxi" Stéphane Bern from Mercury Touch on Vimeo.
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- J’aime Bruxelles
- Je suis luxembourgeois d’origine !
- J’ai été élevé à la prussienne !
- Avez-vous déjà eu envie de défoncer la gueule à quelqu’un ?
- Je n’ai pas de 4×4 et je m’intéresse aux gens
- Gamin, je m’intéressais aux rois, aux reines, aux fées… c’est baroque !
- Quels sont les films de votre vie ?
- Le jeu du quiz !
- On me juge tous les jours !
- Je suis un saltimbanque !
- Tous les soirs, ma mère me notait !
- Etre père ne m’intéresse pas !
- J’aime la notoriété mais elle ne flatte pas mon égo !
- « Secrets d’histoire »…
- Oscal Wilde, Heinrich Heine…
- Je crois en Dieu mais je ne crois pas aux religions !
- Je suis devenu jeune à 40 ans !
- Stéphane n’a pas payé sa course !
J’aime Bruxelles
STÉPHANE : Bonjour.
JÉRÔME : Bonjour.
STÉPHANE : Ca va bien ?
JÉRÔME : Et vous-même ?
STÉPHANE : Oui, très bien.
JÉRÔME : Dites-moi.
STÉPHANE : J’aimerais aller svp avenue Georgin. C’est pas obligatoire la ceinture mais il faut la mettre, c’est mieux.
JÉRÔME : C’est pas obligatoire.
STÉPHANE : C’est pas obligatoire, mais je la mets quand même. Parce que quand on est dans sa voiture, on la met. Il fait bien bon chez vous dites donc. Il fait chaud.
JÉRÔME : Chez moi ?
STÉPHANE : Oui.
JÉRÔME : Toujours.
STÉPHANE : Toujours ?
JÉRÔME : Tout le temps.
STÉPHANE : C’est toujours compliqué de régler la température dans une voiture.
JÉRÔME : Vous voulez plus froid ? Vous voulez qu’il fasse froid ?
STÉPHANE : Non pas froid. Non mais pas trop chaud quand même.
JÉRÔME : Très bien. Bon, vous me dites… je piloterai. Avenue Georgin !
STÉPHANE : Oui.
JÉRÔME : Très bien. Dans 30 minutes on y est.
STÉPHANE : C’est de l’autre côté de la ville, non ? Bon. J’adore Bruxelles. Je ne sais pas vous, mais moi j’adore.
JÉRÔME : C’est vrai ?
STÉPHANE : Oui.
JÉRÔME : Qu’est-ce que vous aimez dans Bruxelles ?
STÉPHANE : Ce que j’aime dans Bruxelles, je trouve qu’il y a beaucoup d’espaces verts, de très jolies maisons, j’aime les Belges en fait, parce qu’ils ont un caractère extrêmement jovial, chaleureux, les gens disent bonjour, ça me change du stress de Paris. Et puis il y a une belle architecture. Il y a à la fois une architecture des années 30, des vieilles maisons du XIXème, il y a des maisons plus anciennes évidemment mais il y a beaucoup d’espaces verts. J’adore la vie à Bruxelles. Et en fait j’y viens souvent.
JÉRÔME : C’est vrai ?
STÉPHANE : Ah oui, je viens très souvent à Bruxelles.
JÉRÔME : Et qu’est-ce que vous venez faire à Bruxelles.
STÉPHANE : Je viens voir des amis…
JÉRÔME : Vous venez fricoter ou quoi ? Vous connaissez « fricoter » ?
STÉPHANE : Non, ça veut dire quoi ?
JÉRÔME : Ces Français quand même !
STÉPHANE : Oui, ces Français ne parlent pas le français
JÉRÔME : C’est un beau mot « fricoter ». Vous venez fricoter.
STÉPHANE : J’adore ! Fricoter ça a une connotation un peu coquine en France.
JÉRÔME : Voilà, c’est ça. Vous venez fricoter.
STÉPHANE : Ben non je ne viens pas fricoter. Je ne crois pas.
JÉRÔME : Vous ne venez pas fricoter ?
STÉPHANE : Je viens manger, je viens m’amuser, je viens voir des amis…
JÉRÔME : Est-ce que vous couchez avec les amis que vous venez voir à Bruxelles ? Parce que dans ce cas-là, vous fricotez.
STÉPHANE : Je ne couche qu’avec une seule personne, et à la fois, et dans la durée.
JÉRÔME : Est-ce qu’elle habite Bruxelles ?
STÉPHANE : Ah ! Ca je ne le vous dirai pas.
JÉRÔME : Parce qu’alors si cette personne habite Bruxelles, alors vous fricotez à Bruxelles.
STÉPHANE : Alors je fricote.
JÉRÔME : Vous avez compris le mot maintenant ?
STÉPHANE : J’ai compris le mot. Heu non…
JÉRÔME : Vous pouvez l’exporter si vous voulez.
STÉPHANE : Je peux l’exporter. Je verserai des droits d’auteur. Qu’est-ce que j’aime faire à Bruxelles ? J’adore aller regarder les antiquaires par exemple, au Sablon, je descends… Et puis je viens respirer le bon air de la Belgique.
JÉRÔME : Vous êtes un Parisien ? Non, vous n’êtes pas Parisien, vous êtes de Lyon.
STÉPHANE : Je suis né à Lyon mais de mère luxembourgeoise et donc, comme tous les Parisiens, il n’y a aucun vrai Parisien. C’est très rare les vrais, vrais Parisiens. Les Parisiens, c’est des origines incontrôlées. Je me sens un peu provincial à Paris.
JÉRÔME : C’est vrai ?
STÉPHANE : J’adore Paris.
JÉRÔME : Vous êtes arrivé à quel âge à Paris?
STÉPHANE : 11 ans. Ca va. Mais c’est vrai qu’à Bruxelles, je ne sais pas, il y a une atmosphère très particulière. Peut-être que pour les gens qui habitent Bruxelles ils ne ressentent plus du tout les avantages de la ville.
Je suis luxembourgeois d’origine !
STÉPHANE : Ah dites donc, vous avez mon livre là !
JÉRÔME : C’est vrai ?
STÉPHANE : Incroyable, regardez !
JÉRÔME : C’est dingue.
STÉPHANE : Oui. Vous l’avez fait exprès.
JÉRÔME : Non !
STÉPHANE : C’est un pur hasard. Le tome II qui vient de sortir.
JÉRÔME : Non c’est ma lecture préférée écoutez.
STÉPHANE : Oui, on sent qu’il a été lu. Regardez, il y a des traces. Il a été lu.
JÉRÔME : Ca existe encore.
STÉPHANE : Vous voyez, quand on vient en Belgique, les gens s’intéressent.
JÉRÔME : Pourquoi ? Les journalistes français ne lisent plus les livres ?
STÉPHANE : Mais non, jamais. J’ai même vu un truc ! Ils lisent à peine la dernière de couverture. Il m’est arrivé même, un grand journaliste, très célèbre par ailleurs, qui est Franz Olivier Gisbert, c’est un ami, il a réussi à m’inviter dans une de ses émissions pour parler d’un de mes livres, non seulement il n’avait pas lu le livre, mais il ne savait même pas de quoi ça parlait ! J’étais estomaqué. Et je me suis dit : ou je lui dis sur le plateau, non attendez, on recommence tout, on arrête on recommence tout parce que là vous n’y êtes pas du tout, et bien j’ai réussi, je me suis dit c’est méchant, parce que je l’aime bien, j’ai : oui enfin l’histoire n’est pas tout à fait ça… Et j’ai rectifié le tir. Mais il était carrément ailleurs, carrément.
JÉRÔME : Ca vous est arrivé dans votre carrière ou pas ?
STÉPHANE : De ne pas lire un livre ?
JÉRÔME : Franchement, soyez honnête, de recevoir quelqu’un à la radio ou à la télé et de ne pas posséder le sujet comme vous devriez le posséder.
STÉPHANE : Oui ça arrive, mais j’ai des trucs quand même. J’ai des trucs.
JÉRÔME : Moi j’ai perdu des amis déjà.
STÉPHANE : Je bosse quand même.
JÉRÔME : Oui. Mais il y a des fois où vous ne possédez pas le truc à fond.
STÉPHANE : Oui. Parfois. Parfois je ne suis pas doué. Mais je bosse quand même. C’est-à-dire… En fait on bosse plus si on n’a pas lu le livre ou si on n’a pas vu le film. Pour se faire pardonner, on bosse deux fois plus.
STÉPHANE : J’adore, dans votre taxi il y a des trucs très amusant.
JÉRÔME : Il y a quoi ?
STÉPHANE : Je ne sais pas, il y a mon univers quoi !
JÉRÔME : C’est vrai.
STÉPHANE : Il y a une couronne.
JÉRÔME : Une couronne de « Fou du roi » aussi.
STÉPHANE : Oui… elle n’est pas comme ça.
JÉRÔME : C’est vrai.
STÉPHANE : Evidemment j’ai appelé pendant longtemps mon émission sur Inter « Le fou du roi » parce que c’est le type qui peut tout dire au roi à condition d’être drôle, c’est un peu ça, le roi c’est les puissants, mais j’ai une vraie sincérité dans mes affections pour ce que représente le symbole monarchique, j’ai une vraie tendresse, une véritable affection. Je suis luxembourgeois d’origine, donc pour nous c’est comme l’air qu’on respire, on a besoin d’un Grand- Duc et d’une Grande-Duchesse. Si je n’avais pas ça je serais malheureux.
JÉRÔME : C’est dingue.
STÉPHANE : C’est ce qui a sauvegardé notre pays ! On parlerait allemand sinon. On serait des Allemands. Ca nous a défendus pendant la dernière guerre. Ils ont incarnés la Résistance. Ils ont fait des choses formidables. Je suis très loyal avec mon Grand-Duc et ma Grande-Duchesse. Je dis « mon » parce que vous savez, quand j’étais gamin, je me suis identifié au Luxembourg et je me suis approprié ma famille grand-ducale.
JÉRÔME : Les grands-parents donc.
STÉPHANE : Mes grands-parents, oui, mon grand-père et ma grand-mère maternels. Parce que la discipline était très dure à Paris chez mes parents, et ça se relâchait quand j’étais chez mes grands-parents maternels. Donc j’ai identifié dans mon cerveau d’un gamin de 6, 8 ans, vous voyez, l’idée du royaume enchanté de l’enfance était un authentique royaume, ou grand-duché, et mon grand-père m’a entretenu parce qu’il m’envoyait des cartes postales toutes les semaines avec les photos des grands-ducs et donc moi je croyais que c’était ma famille, c’est devenu des gens familiers. Et je me suis approprié cette famille, je me suis dit c’est comme ma famille, c’est pas ma famille, je savais qu’ils ne ressemblaient pas à la mienne, mais c’est ma famille grand-ducale. Et je me suis dit un jour, je passais devant le palais, je me suis dit : un jour j’y serai, j’y entrerai.
JÉRÔME : Et vous l’avez fait.
STÉPHANE : J’y suis rentré. Oui, j’étais le seul à interviewer le Grand-Duc Jean et la Grande-Duchesse Joséphine Charlotte en 89, et voilà, j’ai perdu ma névrose ce jour-là, depuis ça va bien. Je suis à l’aise dans ma vie. Mais je suis très fidèle. Et comme on est en Belgique, j’adore le Roi et la Reine. J’adore !
J’ai été élevé à la prussienne !
JÉRÔME : Alors, moi j’aimerais bien savoir, donc vous dites je viens d’une famille, je suis né à Lyon, on déménage à Paris, et vous dites la famille à Paris, en tout cas la vie à Paris ou à Lyon, c’était plutôt crrrrr.
STÉPHANE : Ah c’était dur. Prussien, vous voyez le genre ? Vous mangez dans votre assiette, vous avez un steak avec un morceau de gras, vous laissez le gras sur le côté, on vous le ressert le lendemain. Jusqu’à ce que vous l’ayez terminé. Vous voyez, ça vous forge le caractère. Et vous vous dites que rien n’est vraiment dur, et que ce qui est dur… Voilà, j’ai été élevé avec ce principe : le pain n’est jamais dur, ce qui est dur c’est de ne pas avoir de pain. Donc déjà… Donc on peut me recevoir partout, je finis mon assiette, même les choses que je déteste.
JÉRÔME : C’est vrai ?
STÉPHANE : Et Dieu sait qu’il y en a. Des choses que je déteste. La tête de veau…
JÉRÔME : Si on vous en sert vous allez la manger.
STÉPHANE : Je vais la manger mais je serai malade pendant trois jours.
JÉRÔME : Mais pourquoi vous faites ça ?
STÉPHANE : Mais parce qu’il faut être poli, il faut être bien élevé. Regardez, je vois là « Le guide de l’étiquette et du savoir vivre ».
JÉRÔME : Mais pourquoi il faudrait tout le temps être poli et bien élevé ?
STÉPHANE : Et bien parce que c’est ce qui fait qu’il y a une vie sociale possible. Alors, en même temps, comme je suis un peu révolutionnaire dans l’âme, je sais dire des horreurs aux gens. Ou en écrire le cas échéant.
JÉRÔME : Parce que je suis un peu lâche. Quand ils sont plus loin c’est plus pratique.
STÉPHANE : Non.
JÉRÔME : Non, je sais.
STÉPHANE : Non, parce que justement ce que j’adore c’est de dire… vous savez ce qui est communément admis c’est d’être lâche et faible avec les puissants et odieux avec les faibles. Il y a plein de gens comme ça. Et moi c’est tout le contraire. C’est-à-dire que quand je suis devant des gens puissants à qui vraiment tout d’un coup j’ai la possibilité de parler, je dis alors vous, ce que vous avez fait là c’est insupportable parce que les gens dans la rue me disent lui alors vraiment ce que vous faites c’est pas bien. Et puis aux gens qui travaillent avec moi, je suis toujours normal et gentil parce que je me dis que déjà ils n’ont pas une vie simple, c’est dur. Moi je suis assez aidé dans la vie, j’ai quand même des avantages, je suis bien payé, enfin relativement, moins que mes producteurs… mais quand même, donc je dois rendre la vie agréable pour ceux qui m’entourent. Ca c’est dans « Les règles du savoir-vivre ».
JÉRÔME : Est-ce que vous pensez vraiment, intellectuellement, qu’il faut toujours être poli et sympathique ?
STÉPHANE : Je pense que non on n’est pas obligé, mais vous savez, si dans mon cas, quand on est, je ne dis pas connu parce que ça n’a pas de sens, mais quand on fait un métier public, si on n’est pas poli et bien élevé, si vous êtes désagréables avec les gens, ils vont le répéter partout. Oh lala, j’ai vu Stéphane Bern, il est odieux dans la vie ! Et si vous êtes gentil avec les personnes, ce qui est plutôt mon cas, ils vont dire à une autre personne oh il était normal, il était sympa, il m’a signé un autographe… Ma nature est d’être gentil. Je fais l’éloge de la gentillesse parce que c’est ma nature, je ne me force pas. Vous savez j’ai été éduqué mais j’ai aussi ce caractère qui fait que je ne suis pas foncièrement méchant.
Avez-vous déjà eu envie de défoncer la gueule à quelqu’un ?
JÉRÔME : Mais est-ce que vous avez déjà eu l’envie de défoncer la gueule de quelqu’un ?
STÉPHANE : Ca m’est arrivé souvent.
JÉRÔME : C’est rassurant, parce que sinon c’est anormal.
STÉPHANE : Parce que je déteste l’injustice. Dès que je vois des choses profondément injustes.: Dès que je vois des gros cons, des salauds qui se comportent avec les… qui sont veules, qui sont lâchent, qui sont méchants, mesquins, les radins par exemple, ça me rend hystérique ça. Ca m’est arrivé encore cet été, des gens m’invitent pour un anniversaire, mais ils m’invitent au restaurant pour leur anniversaire, je dis c’est sympa, j’amène un beau cadeau, et au moment de l’addition, on me dit : on va partager ! C’est quand même bizarre non, les gens vous invitent… Et ça m’a tellement énervé que j’ai voulu payer pour tout le monde. Parce que je me suis dit c’est pas possible, moi pour mon anniversaire, si j’invite, je dis je vous invite pour mon anniversaire…
JÉRÔME : Est-ce qu’ils avaient les moyens ?
STÉPHANE : Mais bien sûr ! C’est une maladie.
JÉRÔME : Mais pas de payer l’addition, de vraiment avoir envie de fracasser quelqu’un parce qu’il vous énerve. Est-ce que ça vous est arrivé de vous mettre mortellement en colère.
STÉPHANE : Non… Parce que je me calme. Mais je peux m’énerver. Et c’est tellement rare, ça m’est arrivé encore ce matin, je me suis énervé parce que quelqu’un m’a vraiment fait une entourloupe. Et ma collaboratrice me dit : et bien alors là, je ne t’avais entendu parler comme ça, jamais ! Donc vraiment quand je m’énerve c’est que c’est justifié. C’est l’injustice, je ne supporte pas, c’est plus fort que moi. C’est plus fort que moi, je ne supporte pas les injustices. Mais vous savez, le fait d’être gentil… j’ai été longtemps élu dans mon arrondissement et puis maintenant je suis juste président du Conservatoire de musique. Les gens viennent me voir, il y a une dame qui est tous les jours devant chez moi, elle me dit : est-ce que vous avez parlé au maire parce que je n’ai plus de logement… Je suis allé voir le maire, j’ai dit cette dame, elle n’a plus de logement, elle va perdre son logement, la personne qui vend, elle paye un loyer modique mais la personne qui a l’appartement vend, je dis mais il faut faire quelque chose, il faut se mobiliser, on ne peut pas laisser ça, elle va se retrouver à la rue, elle a 57 ans. Voilà, en même temps les gens savent que je fais des… je me mobilise pour les grandes causes, pour les droits… Ah si, il y a un type, je pourrais lui casser la gueule, je crois que ça m’est arrivé pratiquement, c’est un député qui s’appelle Christian Vanneste, qui est un député français du Nord de la France, et qui est la Droite que je déteste, vous savez, au-delà du Conservateur, qui est pratiquement raciste et xénophobe, il est surtout homophobe. Alors ça lui, je pourrais… Il a dit que les homos c’était une maladie mentale, enfin des choses comme ça. Ca c’est des choses que je ne peux pas tolérer. Je ne supporte pas le racisme, l’antisémitisme, la xénophobie, l’homophobie. Ca je ne supporte pas.
JÉRÔME : Si on allait lui casser la gueule ?
STÉPHANE : Et bien écoutez, j’espère… le drame c’est que j’aurais aimé que les électeurs s’en chargent et arrêtent de voter pour lui. Et bien non, il continue à se faire élire à 76 % des voix. Il y en a un autre aussi qui n’est pas piqué des hannetons, c’est le sénateur maire de Compiègne. Lui il a dit que le Luxembourg n’existait pas. N’avait pas d’identité nationale. Et sa ville est jumelée avec Vianden qui est une ville au Grand-Duché. Je pense qu’il faut lui rappeler avec qui il se jumelle quand même. Donc je lui ai fait une lettre ouverte, je me suis énervé contre lui. Et je cherche. Je pense qu’il est président de la Commission des finances, mais je pense qu’il y a des marchés publiques à Compiègne qui mériteraient qu’on s’y intéresse quand même.
JÉRÔME : Oh, langue de pute.
STÉPHANE : Mais quand même, oui. Je fouillerais bien moi.
JÉRÔME : Ah vous êtes «langue de pute » quand même.
STÉPHANE : Je ne suis pas « langue de pute », je ne supporte pas les gens qui insultent, par exemple, mon pays, le Luxembourg. Et donc lui je le retiens.
Je n’ai pas de 4×4 et je m’intéresse aux gens de la rue !
JÉRÔME : Ceci dit c’est super marrant parce que vous dites, cette vieille dame de 57 ans qui pourrait perdre son logement… quand on vous voit à la télévision, quand on vous écoute à la radio, on n’a pas l’impression que vous êtes le genre de mec à faire du social.
STÉPHANE : Alors je vais vous dire…
JÉRÔME : On vous voit toujours dans les paillettes.
STÉPHANE : Vous avez raison, mais oui on me voit toujours sortir d’un palais pour raconter…
JÉRÔME : Mais oui.
STÉPHANE : Je vais vous dire le truc, c’est qu’il y a des animateurs qui font des émissions où ils s’intéressent au sort de leurs concitoyens, ils sont là, ils ont des larmes dans les yeux, je ne vais pas les citer, vous les voyez, ils sont là le soir, ils pleurent pratiquement, la larme… ils remontent dans leur 4×4 blindé, ils arrivent chez eux, et c’est fini. Moi j’ai pas de 4×4, je m’intéresse peut-être aux people, j’ai peut-être fait beaucoup d’émissions people, beaucoup d’émissions sur les monarchies, les mariages princiers, évidemment, j’ai une petite voiture, je vis dans la rue avec les gens, c’est-à-dire j’ai été élu de mon arrondissement, je suis Président de comités de quartiers, je m’occupe du Conservatoire, j’ai pas à faire étalage de ce que je fais avec les autres, mais je veux dire par là que les gens me parlent dans la rue, ils me disent là on a un problème, mais c’est bête parfois, regardez l’éclairage… Alors j’appelle le maire. Il se trouve que, évidemment comme j’ai toujours été élu et que maintenant je suis Président du Conservatoire, je vois le maire régulièrement. J’ai cette possibilité d’être une sorte d’ombudsman, d’être médiateur… Alors ce n’est pas éclatant, je ne fais pas des choses qui vont éblouir, mais c’est des petites choses au quotidien pour aider mes concitoyens. Et puis surtout j’anime, alors peut-être que vous allez dire que c’est du mondain, que voilà je suis un chroniqueur mondain, mais c’est vrai que je fais une chose en permanence, j’anime tous les galas de charité pour les œuvres qui me sont chères. Je suis parrain des Petits Princes, pas des petits princes des familles royales, mais les Petits Princes c’est une association où on fait les rêves d’enfants, des enfants qui sont cancéreux, qui ont des leucémies, on réalise leurs rêves. Voilà, j’ai une fondation pour la recherche sur le diabète insulino-dépendant. J’en parle pas parce que j’essaie de faire du travail sur le terrain. Il y a ceux qui font et ceux qui font savoir. Moi je préfère faire. Je devrais peut-être me montrer en photo, comme ça, avec des enfants dans les bras, en Afrique, pour montrer combien j’ai le cœur généreux. Mais je ne sais pas le faire. Il faut du temps pour aller en Afrique. Il y a comme ça une présentatrice du journal de 20h chez nous, qui passe sa vie comme ça, mais elle est hyper maquillée quand elle arrive au Cambodge ou en Afrique pour faire des photos, qui sont dans toute la presse. Moi j’ai pas le temps, je suis à la radio le matin, à la télé l’après-midi et souvent le soir. J’ai pas le temps d’aller faire des photos au Cambodge…
JÉRÔME : En Afrique.
Gamin, je m’intéressais aux rois, aux reines, aux fées… c’est baroque !
JÉRÔME : J’aimerais revenir à l’enfance. Est-ce que ça a été une enfance heureuse finalement, ou malheureuse ?
STÉPHANE : Ecoutez, j’ai eu le sentiment d’être malheureux mais en fait j’étais très heureux. Mais c’était dur. Mais on a toujours le sentiment qu’on voudrait une autre enfance. J’ai eu une enfance où j’ai eu le sentiment d’être malheureux parce que j’étais très différent des autres. J’étais, vous savez, c’est baroque quand même un gamin qui s’intéresse aux rois, aux reines, aux fées…
JÉRÔME : Ca c’est venu petit.
STÉPHANE : Très petit, je suis tombé dedans, à 8 ans ça m’intéressait. Vous voyez, c’était grave, mes parents pensaient que j’avais une grave maladie. Il n’est pas normal celui-là. J’entendais mes parents qui disaient : qu’est-ce qu’on va faire du petit ? Ca m’a rassuré parce que Thierry Ardisson et Michel Drucker m’ont dit que leurs parents disaient la même chose. Donc voilà. Et puis, de cet handicap d’enfance, j’ai su en faire une force, j’en ai fait un métier, c’est quand même magistral.
JÉRÔME : Mais vous vous êtes senti différent, gamin ?
STÉPHANE : J’étais très différent !
JÉRÔME : C’est vrai ? Avec la conscience d’être différent ?
STÉPHANE : La conscience d’être différent. Je ne partageais aucun point commun… j’étais toujours le pire en sport, le meilleur en histoire. C’est quand même bizarre non ? Et puis ça a marché. Regardez ! Là je vois dans votre taxi il y a Madame Figaro, je suis rédacteur en chef adjoint de ce journal mais j’ai commencé à y travailler en 85 ! Ca fait quoi ? 26 ans que je suis à Madame Figaro.
JÉRÔME : Mais enfin, ça vous fait quel âge alors vous ?
STÉPHANE : Moi j’ai 100 ans ! J’ai commencé très petit, j’avais 20 ans, j’ai 47 ans. Et donc j’ai commencé à travailler à Madame Figaro, et Marie-Claire Pauwels qui était une de mes trois mamans de substitution, parce que j’ai perdu ma mère jeune, donc j’avais trois autres mères, Yagel Didier, Marie-Claire Pauwels et Eve Ruggieri, dont la voix est bien connue de tous ceux qui aiment la musique classique. Et Marie-Claire Pauwels qui dirigeait Madame Figaro, quand j’ai eu 20 ans et que je suis arrivé dans son bureau, elle m’a dit : si vous mettez autant de passion à parler des rois, des reines et des monarchies dans le monde… Elle s’est dit : ce type, il peut m’apporter quelque chose. Il se trouve que la semaine où je l’ai rencontrée, ma pauvre Grande-Duchesse Charlotte est morte. C’était en juillet 85. Et je lui ai rendu hommage dans Madame Figaro. Et c’est comme ça que ça a commencé. J’ai pas arrêté d’écrire, puis j’ai gravi les marches, et voilà. Et j’adore défendre, moi j’ai un côté bretteur, j’aime défendre des idées mais j’ai des idées très marrantes, je suis hyper social et puis en même temps je vais défendre mordicus les familles royales. C’est quelque chose qui… Pas toutes hein. Le roi du Swaziland il peut aller se faire voir hein. J’aime les monarchies quand elles sont l’autre face de la démocratie et qu’elles ont évidemment su évoluer avec leur temps. Mais le roi là qui fait danser des vierges tous les ans pour s’en choisir une comme un nouveau manteau, non. Ca lui, je ne vois pas la différence avec un dictateur.
JÉRÔME : Il n’y en a probablement pas hein.
STÉPHANE : Il n’y en a peut-être pas.
STÉPHANE : J’adore, on est avenue Louise ! J’adore.
JÉRÔME : Tout à fait.
STÉPHANE : J’adore passer là. En fait, je me rends compte, j’ai plein d’amis belges. C’est étrange hein. J’aime tellement. Galeries Louise. Les pralines…
JÉRÔME : Il faisait quoi votre père ?
STÉPHANE : Mon père était directeur commercial… enfin il a gravi tous les échelons dans une société pétrolière qui s’appelait La Mobile, et puis voilà, il était directeur du marketing. Mais il s’est fait lui-même, parce que ses parents n’avaient pas les moyens, il a réussi le concours d’HEC mais ses parents n’avaient pas les moyens de l’envoyer à Paris faire HEC, donc il a fait l’école de commerce de Lyon, et moi j’ai fait la même école.
JÉRÔME : D’accord. Et votre mère ?
STÉPHANE : Ma mère était traductrice interprète en 7 langues.
JÉRÔME : Oh !
STÉPHANE : Les Luxembourgeois ont un avantage sur nous hein. Ils parlent toutes les langues. Elle parlait le schwytzertüsch parce qu’elle était née à Zurich, elle parlait le lëtzebuergüsch parce qu’elle était luxembourgeoise, elle parlait l’allemand, le hordeutsch, elle parlait le français, l’anglais parfaitement, elle parlait l’italien et le russe.
JÉRÔME : Mais qu’est-ce qui fait qu’un petit garçon différent, parce que les petits garçons différents des fois ils deviennent malheureux, quand ils sont adultes, parce qu’ils ont des cicatrices qui n’ont pas vraiment réussi… comment ça se fait que vous le petit garçon différent est devenu un homme épanoui ?
STÉPHANE : Parce que j’ai fait de mes faiblesses une force. C’est-à-dire que j’ai transformé l’essai. Vous savez, j’ai tout de suite compris un truc, je me souviens très bien, on était à la table de famille, mon frère est brillant, beaucoup plus brillant que moi, d’ailleurs les profs disaient toujours « oh, Stéphane est bon élève, mais enfin bon, ça ne vaudra jamais son frère », c’est sympa quand vous entendez ça et qu’on vous le répète évidemment, et mon frère quand je parlais à table me disait « mais tais-toi, vraiment tu ne comprends rien, t’es trop bête », et il était le suppo des tyrans dans mes parents, donc ils étaient ligués contre moi. Donc je me disais en moi-même « mais un jour je leur montrerai que je ne suis pas si bête, que j’ai des choses à dire ». Je me suis créé un univers solitaire mais intérieur. C’est-à-dire que je me suis raconté une autre vie. D’abord j’ai pensé que mes parents n’étaient pas… que ma vraie famille était ailleurs, j’ai bouquiné, j’ai tout lu, les livres d’histoire, je me suis passionnée pour l’histoire des monarchies, etc… et tout d’un coup voilà mes parents ont découvert que j’avais un monde parallèle, que je racontais des histoires de familles royales, que je les écrivais dans les journaux, dans les livres, et j’en ai fait un métier.
JÉRÔME : Ils ont fini par en être fiers ?
STÉPHANE : Ils ont fini par être fiers. Vous savez, ce n’est pas tellement la télé parce que la télé, il n’y avait pas la télé chez mes parents, parce que c’était plutôt des intellectuels, donc on lisait plutôt des livres – voilà le Palais de justice. Je pense toujours à la Marche blanche quand je passe devant. Ca m’émeut toujours ces histoires – Et mes parents étaient plutôt des intellectuels donc il y avait la télévision mais il n’y avait pas de télévision. C’est mon frère et moi qui avons offert la télévision à mes parents pour leurs 25 ans de mariage. Par contre il y avait les livres. Je lisais tout. Donc la télé, la radio, tout ça, ce n’était pas leur truc. Et le jour où j’ai écrit mon premier livre, il s’est passé une scène très drôle. J’avais 26 ans quand j’ai publié mon premier livre, mon père l’a lu, il me l’a rendu avec toutes les corrections, les coquilles, les fautes et les fautes de syntaxe. Il m’a dit « et bien voilà, la prochaine fois que tu publieras un livre tu me le donneras avant comme ça je pourrai te corriger ». Je peux vous dire que votre… vous ne prenez jamais la grosse tête. Vous savez, quoi qu’il me soit arrivé dans la vie, ma photo en Une des journaux, le succès de mes émissions de télé, je ne peux pas avoir la grosse tête, je ne l’ai jamais eu. J’ai eu, je pense, j’ai perdu hélas ma grand-mère maternelle qui est morte à 96 ans l’année dernière mais c’est très drôle parce que je présentais les mariages princiers et je l’appelais, je lui disais « alors mamy, tu as regardé ce que j’ai fait ? Oh oui j’ai regardé, mais mon Dieu, ce que tu étais laid ! ».
JÉRÔME : Mais en même temps, vous dites que ça a un côté rassurant, ça a un côté terrifiant, excusez-moi. C’est pas ça la famille !
STÉPHANE : Oui mais parce qu’elle voulait me dire… elle ne disait pas que j’étais laid, elle disait « comment tu t’es habillé ! ». Pour elle ce n’était pas possible, et donc c’est bien…
JÉRÔME : Mais il y avait de l’amour ? Parce que d’après ce que vous dites…
STÉPHANE : Mais bien sûr il y avait beaucoup d’amour. Alors je vais vous dire, je me suis senti aimé quand même, c’était de l’amour mais on ne vous le dit pas. Mais il y avait de l’amour. Je pense que si je n’avais pas été aimé, j’aurais eu des traumatismes d’enfance. Mais en fait je n’ai pas eu de traumatismes parce que je me sentais aimé mais c’est vrai qu’on ne m’a pas fait de cadeaux. Et on m’a donné une structure. Vous savez je pensais que ma mère pensait, tout à coup ça m’amuse de voir le « Guide de l’étiquette et du savoir-vivre », elle disait toujours – alors ça c’est une boutique que j’adore, au Cherche-Midi, j’adore, il y a des vieux verres, je passe toujours. On arrive au Sablon. J’adore cette adresse ! J’adore être là ! Je fais tout ça à pieds, je chine, je regarde, j’adore – Et elle me disait toujours, je reviens à ma mère, la pauvre, qu’il fallait absolument que je sois à l’aise partout. Et, j’ai fait une école de commerce, comme je vous l’ai dit, Sup de commerce comme mon père, il y avait un stage ouvrier. Alors c’est vrai que j’étais destiné à diriger des entreprises mais je n’avais aucun sens du commerce, ni de la finance, rien, heureusement que je n’ai pas fait ça, et on m’a fait faire un stage ouvrier. Et j’ai eu la chance d’avoir cette éducation qui me permet de parler à tout le monde. C’est ce qui explique peut-être d’ailleurs le succès des émissions « Secrets d’histoire ». C’est que je ne suis pas snob, je ne suis pas bégueule, je ne me prends pas au sérieux, je ne regarde pas les gens de haut, voilà, donc je suis aussi à l’aise quand je suis invité à la Cour d’Angleterre ou chez la Grande-Duchesse pour déjeuner que voilà, ici, attablé avec des ouvriers. J’ai appris, c’est un bon passeport que ma mère m’a donné. Un passeport pour la vie, c’est me sentir bien avec tout le monde.
JÉRÔME : Un passeport pour la vie !
STÉPHANE : Mais c’est vrai.
JÉRÔME : Quelle expression démente ! Ma mère m’a donné un passeport pour la vie.
STÉPHANE : Oui, le meilleur bagage qu’elle m’ait donné. Vous savez, je n’ai pas reçu d’argent en héritage, j’ai juste reçu ça, j’ai reçu une éducation. Donc je suis reconnaissant envers mes parents de m’avoir donné une éducation. Et Dieu sait que je n’étais pas facile. Je me suis pris beaucoup de baffes, il fallait forger mon caractère, parce que j’ai un sale caractère, pas un sale caractère, je suis un insolent. Là j’ai l’air comme ça, mais je ne peux pas m’empêcher de faire des blagues, vous voyez, on le sent, parler d’un… – j’adore cette boutique Taschen, il y a des très beaux livres –
JÉRÔME : Oui ! Vous connaissez celle-là ?
STÉPHANE : Ah Alex et Alex, bien sûr, c’est très beau.
JÉRÔME : Vous connaissez ?
STÉPHANE : Oui.
JÉRÔME : Allez, on va manger du chocolat.
STÉPHANE : Non ! C’est vrai ?
JÉRÔME : Vous aimez le chocolat ?
STÉPHANE : Mais je suis fou de chocolat !
JÉRÔME : Ah alors on va manger du chocolat.
STÉPHANE : Super.
JÉRÔME : Et boire du champagne. Vous aimez le champagne ?
STÉPHANE : J’adore le champagne.
JÉRÔME : On y va.
Quels sont les films de votre vie ?
STÉPHANE : On est reparti.
JÉRÔME : Et oui.
STÉPHANE : Que train d’enfer. C’est sympa cette petite halte chocolat.
JÉRÔME : Il faut se faire du bien.
STÉPHANE : Attendez, je vais remettre ma…
JÉRÔME : Vous n’avez pas de vrais vices alors vous.
STÉPHANE : J’en ai forcément.
JÉRÔME : Cachés.
STÉPHANE : J’ai des vices cachés, ça s’appelle des écrous. Non, je ne sais pas, je ne crois pas. Non, tout est visible.
JÉRÔME : Et de ne jamais lâcher prise, de toujours être dans le contrôle…
STÉPHANE : C’est ma nature…
JÉRÔME : Où est-ce que vous vidangez ?
STÉPHANE : En Grèce, l’été. Non mais je me lâche quand même. Mais ce n’est pas ce lâcher dans le sens où les gens… les gens se rendent minables avec l’alcool… non moi ça ne me change pas… Non, ce que j’aime ? Qu’est-ce que j’aime ? L’été, je suis avec mes copains, en Grèce, je suis bien. Là je me sens bien. Dites donc, pendant qu’on prenait du chocolat, on a changé les DVD, j’ai vu qu’il y a des DVD là.
JÉRÔME : On a fait ça ?
STÉPHANE : Oui. Là il y a « Laisse tes mains sur mes hanches »…
JÉRÔME : Dans lequel vous jouez.
STÉPHANE : Non, je joue… oh je fais une apparition, je pète dans le film.
JÉRÔME : Vous pétez dans le film ?
STÉPHANE : Je pète dans le film
JÉRÔME : Ah, ça par contre ça me plait.
STÉPHANE : Oui, à un moment, prrrrt . J’ai mimé puis ils ont rajouté au son hein. « La reine Margot », très bon de Patrice Chéreau. Qu’est-ce qu’il y a d’autre ? Ah, « Le discours d’un roi ». C’est moi qui ai fait la promotion de ce film, qui est merveilleux, avec Colin Firth, j’ai adoré ce film.
JÉRÔME : Vous avez aimé ?
STÉPHANE : Ah oui, j’ai adoré. Et j’ai fait les commentaires pour le DVD. Sur le DVD il y a le bonus, c’est moi qui pendant une heure je raconte la véritable histoire du Roi Georges VI d’Angleterre. Et là, la série des « Sissi », ouais, enfin…
JÉRÔME : Vous n’aimez pas « Sissi » ?
STÉPHANE : J’aime bien mais pffff, c’est à l’eau de rose tout ça. – Elvis Pompilio !
JÉRÔME : Et oui.
STÉPHANE : J’adore ses chapeaux.
JÉRÔME : C’est beau hein.
STÉPHANE : Oui c’est bien. On va chez Marcolini maintenant, on fait tous les chocolatiers.
JÉRÔME : On fait tous les chocolatiers ou quoi ?
STÉPHANE : Non ?
JÉRÔME : Il est là.
STÉPHANE : Il est là Pierre Marcolini, j’adore ce qu’il fait. Mais enfin il est à Paris aussi donc…
JÉRÔME : Oui il est partout maintenant.
STÉPHANE : C’est pas la peine de venir à Bruxelles pour…. Et là, j’adore le Sablon parce qu’il y a plein d’endroits très sympathiques.
JÉRÔME : Oui, c’est magnifique.
JÉRÔME : Qu’est-ce que vous écoutez comme musique ? Parce que finalement on ne sait rien de vous, ça m’énerve.
STÉPHANE : Ah bon ? J’écoute plein de choses. Alors j’écoute beaucoup d’opéra, beaucoup de musique classique. Mais j’écoute aussi, ça va vous surprendre, tous les jeunes de la scène française que quand j’étais à France Inter j’ai contribué à promouvoir.
JÉRÔME : Qui ?
STÉPHANE : Et bien Benabar, Vincent Delerm, j’adore…
JÉRÔME : Ils ne sont plus jeunes eux, c’est fini hein.
STÉPHANE : Comment ça ? Ils sont toujours jeunes. Benjamin Biolay. Mon préféré, c’est Benjamin Biolay. J’adore Benjamin. C’est vraiment… J’ai tout ce qu’il fait. J’ai Camille, j’ai Jeanne Cherhal, toute cette jeunesse musicale, vraiment je trouve qu’ils ont beaucoup de talent.
JÉRÔME : Au cinéma ? Quels sont les films de votre vie ? Qui vous ont ébloui ?
STÉPHANE : Pfffffff, évidemment, j’adore les comédies romantiques.
JÉRÔME : Ben oui je m’en doute.
STÉPHANE : J’aime bien les drames, vous savez, les « Kramer contre Kramer », ou « Sur la route de Madison », évidemment je peux les regarder sans cesse. Mais j’aime beaucoup les vieux films. Je regarde tout. Et des films aussi, j’ai besoin de voir des films qui m’interpellent sur des sujets de société. Notamment sur l’intégration. « Reste-t-il encore du jambon ? » il y a eu, j’ai trouvé ça bien. « Le nom… ».
JÉRÔME : Des gens.
STÉPHANE : « Le nom des gens », j’ai adoré ce film, parce que ça pose vraiment, avec Sarah Forestier, savoir qui on est vraiment, est-ce qu’on est obligé parce qu’on est d’origine maghrébine d’être regardé comme un Maghrébin. Est-ce que quand on est d’origine juive on est regardé comme un Juif ? Est-ce qu’on est obligé d’être regardé par rapport à ses parents, sa tradition, sa famille ? Non. Moi c’est ce que j’ai fait, j’ai décidé un jour que je serais moi-même. C’est-à-dire, évidemment je suis… c’est faux d’ailleurs, je suis plein de contradictions, c’est-à-dire que j’aime l’histoire et les traditions et en même temps j’aime bien pour moi m’en affranchir. J’aime l’ordre et en fait j’adore le désordre des révolutions, les gens qui se révoltent, je suis là en permanence à suivre les mouvements de troupes en Lybie, en… j’aime que les peuples s’auto-déterminent, qu’ils soient libres, rien ne m’est plus insupportable que la dictature… C’est insupportable pour moi.
JÉRÔME : Bon, vous aimez les gens qui… font la révolution ?
STÉPHANE : J’aime bien les révolutionnaires, pas tous hein.
Le jeu du quiz !
JÉRÔME : Je vais vous faire un petit quiz mon cher Stéphane Bern. Mais pas sur des têtes couronnées, ce serait trop facile.
STÉPHANE : Sur des révolutionnaires.
JÉRÔME : Vous les connaissez tous. Sur des gens qui ont fait des choses.
STÉPHANE : Saint-Jacques de Coudenberg.
JÉRÔME : On commence. Qui est cette jeune-femme ?
STÉPHANE : Oui, heu…
JÉRÔME : Ah, vous êtes mal !
STÉPHANE : Je suis mal. Je suis ridicule.
JÉRÔME : Et ça tourne, je vous préviens
STÉPHANE : Tant pis. Son nom est sur…
JÉRÔME : Qui est-elle ? Pierre Perret en a déjà parlé dans une de ses chansons.
STÉPHANE : Oui !
JÉRÔME : Qui s’appelait « Lili ».
STÉPHANE : « Lili », oui. Voilà.
JÉRÔME : Donc elle s’appelle comment ? Elle s’appelle Anne… Elle s’appelle Angela Davis.
STÉPHANE : Angela Davis ! Voilà.
JÉRÔME : Les Black Panthers…
STÉPHANE : Voilà.
JÉRÔME : 2ème. Ah, vous êtes mal !
STÉPHANE : Je suis mal. Tant pis… Je suis nul…
JÉRÔME : Je n’allais pas vous faire les têtes couronnées, vous auriez eu 10/10. Moi j’aime pas les gens qui ont 10/10 sauf quand ce sont mes enfants.
STÉPHANE : On est devant le Musée de la Dynastie et le Palais Royal et vous me faites ça. Mais vous êtes salaud de me parler…
JÉRÔME : Vous allez vous planter devant le Palais Royal.
STÉPHANE : Non, je vous l’interdit. Un peu de respect !
JÉRÔME : 2ème.
STÉPHANE : C’est Fidel Castro jeune.
JÉRÔME : Arrêtez ! Vous pouvez recommencer.
STÉPHANE : Che Guevara.
JÉRÔME : Oui. Ah… il est mauvais.
STÉPHANE : C’est Che Guevara.
JÉRÔME : Mais oui !
STÉPHANE : Je ne peux pas devant le Palais Royal.
JÉRÔME : 0/2. Ici.
STÉPHANE : Ah ben c’est Zappa….
JÉRÔME : Pancho Villa.
STÉPHANE : Pancho Villa oui.
JÉRÔME : Le Mexique. 0/3
STÉPHANE : J’ai horreur de ce type.
JÉRÔME : C’était pas terrible à l’école.
STÉPHANE : Martin Luther King.
JÉRÔME : 1/4
STÉPHANE : C’est qui ce type ?
JÉRÔME : Bono, de la Bande à Bono.
STÉPHANE : La Bande à Bono, mais c’est pas révolutionnaire. C’est…un voyou.
JÉRÔME : C’est des anarchistes.
STÉPHANE : Oui.
JÉRÔME : Ici ?
STÉPHANE : Il n’appartient à aucune famille royale que je connaisse.
JÉRÔME : Non.
STÉPHANE : Je ne sais pas qui c’est.
JÉRÔME : Vous ne savez pas qui c’est ?
STÉPHANE : Non.
JÉRÔME : C’est Louise Michel.
STÉPHANE : Louise Michel. Vous savez qu’elle était très amie avec la Duchesse d’Uzes. Vous auriez dû me montrer la Duchesse d’Uzes, ça m’aurait aidé.
JÉRÔME : Vous avez 1/6. Alors il y a un truc hyper flash, c’est que je trouve que vous avez les mêmes yeux que Louise Michel.
STÉPHANE : Ah bon ?
JÉRÔME : Mais regardez.
STÉPHANE : J’ai les mêmes yeux que… comment il s’appelle ?… Charles Trenet.
JÉRÔME : Un peu. C’est vrai il y a du Charles Trenet mais vous avez vu ?
STÉPHANE : C’est drôle, j’ai jamais vu son visage à Louise Michel. Je connais sa vie…
JÉRÔME : C’est elle.
STÉPHANE : J’ai étudié sa vie mais je ne connais pas son visage.
JÉRÔME : Dernière.
STÉPHANE : Allé.
JÉRÔME : En même temps vous êtes déjà sous la moyenne, point de vue révolutionnaires. Vous devriez faire une petite émission sur les révolutionnaires. Dernière. Ma préférée. C’est une femme qui a refusé de se lever dans un bus.
STÉPHANE : En Amérique.
JÉRÔME : C’est Rosa Parks.
STÉPHANE : Exactement, Rosa Parks.
JÉRÔME : Incroyable. Ca c’est de la rébellion.
STÉPHANE : Ca c’est de la rébellion, je suis d’accord.
JÉRÔME : A un moment où elle ne peut pas, elle dit non, je ne vais pas me lever ! Bon, vous étiez très mauvais élève Stéphane.
STÉPHANE : J’étais très mauvais élève en révolutionnaire. Je suis bien meilleur en royauté. Je suis sûr que les gens qui nous regardent le savent et en sont convaincus.
On me juge tous les jours !
JÉRÔME : Est-ce que l’échec, en général, c’est quelque chose qui vous terrorise ?
STÉPHANE : Non pas du tout.
JÉRÔME : Que vous n’aimez pas je veux dire.
STÉPHANE : Non, c’est jamais très agréable d’être ridicule devant tout le monde.
JÉRÔME : Non, y’a pas de ridicule. Par rapport à la connaissance il n’y a pas de ridicule.
STÉPHANE : Absolument.
JÉRÔME : Ca c’est une évidence.
STÉPHANE : Non, je l’assume parfaitement. Vous savez on est confronté en permanence à l’échec dans mon métier. Parce que, mes émissions « Secrets d’histoire » font de très bonnes audiences mais j’ai présenté des émissions à la télé française sur France 2 qui n’ont pas très bien marché. Je pense par exemple à « Pourquoi les manchots n’ont pas froid aux pieds ». Ca n’a pas du tout marché.
JÉRÔME : Je vous le confirme, je ne me souviens pas.
STÉPHANE : Et donc on le vit en permanence. Le truc qui est difficile, c’est que tous les jours vous êtes confrontés à, comment vous dire, à un bulletin de notes. C’est-à-dire qu’on vous infantilise, on est dans la même situation qu’un étudiant ou un collégien qui a des bulletins de notes tous les jours.
JÉRÔME : L’audimat vous voulez dire.
STÉPHANE : C’est l’audimat. C’est que vous rendez votre copie à votre rédacteur en chef, qui lit votre texte, qui l’amende. Alors moi on n’ose plus trop me dire mais quand même, on coupe… on est toujours dans une situation humiliante, vous voyez.
JÉRÔME : Oh oui.
STÉPHANE : Un producteur… Alors les gens de la chaîne qui vous appellent quand vous faites une très bonne audience et puis plus personne ne vous prend au téléphone si ça ne marche pas. C’est horrible. On est toujours jugé, voilà. Je suis jugé tous les jours. Un acteur, il fait un mauvais film, on ne va pas lui en vouloir. On dit oh, c’est un grand acteur. Moi on me juge tous les jours. Oh, hier j’ai pas aimé votre émission… Hier c’était bien. Il faut retourner, le lendemain il faut repartir au turbin, pour regagner, et chaque fois vous avez l’impression que la montagne est à regrimper…
JÉRÔME : Mais ça vous excite
STÉPHANE : Alors, ça m’excite, je l’ai choisi en même temps, on ne m’a pas forcé, c’est un métier que j’ai choisi. Mais reconnaissez que c’est compliqué. C’est-à-dire que vous êtes toujours jugé par tout le monde.
Je suis un saltimbanque pour la vie !
JÉRÔME : Vous êtes journaliste mais est-ce que vous avez par ailleurs une âme d’artiste ?
STÉPHANE : Oui parce que j’ai joué au théâtre par exemple, j’ai tourné dans des films. Je ne me trouve pas très bon dans les films. En même temps je fais ce qu’on me demande et les metteurs sont contents, donc après tout, tant pis. Mais au théâtre, j’étais très mauvais au début et puis ceux qui sont venus me voir, ça a duré 250 fois, donc ont eu le temps de s’y faire, ça va, j’avais trouvé mon rythme. Il y a des fous qui me proposent de remonter sur les planches hein ! Donc oui j’ai plutôt l’âme d’artiste, je me sens en tout cas une vraie familiarité, une vraie communion d’âme avec les artistes, je suis toujours du côté des artistes. Je ne suis pas du côté des bourgeois, au sens des gens qui sont installés dans la vie. Et j’ai gardé ça, si vous voulez, j’ai pas un plan d’épargne, j’ai pas un plan de carrière, ma vie n’est pas construite à l’avance en disant ben voilà je vais faire ça et puis ensuite ça et ensuite… Il n’y a pas un plan de carrière, je suis un saltimbanque, je le reste pour la vie.
JÉRÔME : Vous avez envie de finir comme Patrick Sébastien ?
STÉPHANE : Il n’a pas fini Patrick Sébastien. Il ne veut pas finir.
JÉRÔME : Non il n’a pas fini.
STÉPHANE : Il continue. Non, j’aime les artistes, j’aimerais surtout, vous savez, qu’on se souvienne de moi comme quelqu’un qui a été… qui a permis aux artistes de s’exprimer. Je suis un médiateur. Le média c’est le médiateur, c’est-à-dire de faire le lien entre le grand public et les artistes.
JÉRÔME : Aujourd’hui… Vous avez deux facettes hein…
STÉPHANE : Plus que deux.
JÉRÔME : La facette saga, les rois et les reines. Il y a l’autre facette bien évidemment qui a été la facette Canal +, « 20h10 pétantes »…
STÉPHANE : « Le fou du roi »…
JÉRÔME : « Le fou du roi »…
STÉPHANE : « A la bonne heure » maintenant sur RTL…
JÉRÔME : Voilà.
STÉPHANE : C’est ça.
JÉRÔME : Il y a l’autre casquette. C’est laquelle qui professionnellement vous procure le plus de plaisir, de satisfaction ?
STÉPHANE : Mais les deux au fond. Je suis bien dans les deux. Quand je commente les mariages princiers, je suis très à mon affaire. Ca marche bien. Ensuite parce que j’y prends beaucoup de plaisir. Vous savez, il faut faire les choses avec sincérité. Si je n’étais pas sincère, les gens le sentiraient. Ils ne viendraient pas regarder. Mais je crois que je suis les deux. Je vous dis, je suis à la fois très conventionnel et très révolutionnaire, c’est un peu ça. C’est-à-dire que j’adore les émissions où on rigole, on se moque de soi-même, on se moque des autres, à condition de se moquer surtout de soi-même, ce qu’oublie toujours les humoristes, ils ont beaucoup d’humour sur les autres mais pas beaucoup sur eux-mêmes.
JÉRÔME : J’ai déjà remarqué aussi.
STÉPHANE : Vous avez remarqué, ils ne sont pas très… ils n’ont pas d’autodérision. Et je suis les deux. C’est étrange hein, c’est deux de mes facettes. Mais vous savez là où j’ai tout gagné c’est le jour où j’ai accepté cette contradiction. D’être royaliste et révolutionnaire en même temps. D’être conventionnel et d’être baroque. D’aimer faire des émissions sur les têtes couronnées et en même temps faire des émissions poil à gratter où on rit de tout et de tous. Le jour où j’ai accepté que j’étais… que j’avais autant de plaisir à tout faire, ça allait beaucoup mieux dans ma vie parce que je me suis dit ben oui, je suis ça et son contraire. Vous savez c’est comme si il y avait un dédoublement de personnalité. Quand je me vois faire le côté propre sur lui, le baise main etc… ça c’est Bern, et puis il y a le Stéphane derrière qui « n’en fait pas trop quand même, ne sois pas dupe ». Et en même temps je me dis, parfois c’est vrai qu’il y a des situations où j’en rajoute. Je me dis, il y a certaines personnes, quand je les vois ridicules, très… comment dire, s’adorant, le culte de la personnalité, j’en rajoute dans la flagornerie en me disant « ils vont quand même se rendre compte que là on dépasse les bornes ». Et bien non. Et en fait, pour certaines personnes, la ficelle n’est jamais assez grosse. J’aime bien ça. Je m’amuse assez bien.
Tous les soirs, ma mère me notait !
JÉRÔME : Vous parliez tout à l’heure d’être coté tous les jours avec cet audimat. Est-ce que c’est vrai que quand vous étiez gamin, vous étiez aussi coté ?
STÉPHANE : Comment vous savez ça ?
JÉRÔME : Parce que je connais votre copain. Non, je rigole.
STÉPHANE : Non, personne ne sait ça. Personne ne sait ça à part mon père. Ma mère nous donnait des notes tous les soirs et mon argent de poche était directement indexé sur mes notes du jour.
JÉRÔME : Dites-moi comment ça se passait parce que ça m’intéresse.
STÉPHANE : Une note sur 10. Si j’avais 8/10, j’avais 2 francs d’argent de poche. Si j’avais 5/10, je n’avais plus rien. En-dessous plus rien du tout.
JÉRÔME : Donc tous les jours…
STÉPHANE : Tous les jours on mettait une note, il y avait un agenda, on mettait une note pour ma conduite du jour et si je voulais regagner l’argent de poche, il fallait que je cire les chaussures des parents. Donc je cirais les chaussures… On m’a appris la valeur de l’argent très tôt, donc il fallait… chaque chose méritait salaire. Donc j’avais un salaire. Mais j’avais en plus de l’argent de poche. Mais si j’avais des notes négatives, moins de 5, je devais rendre l’argent que j’avais gagné.
JÉRÔME : Donc tous les jours il y avait une espèce de conseil familial où on vous donnait votre note du jour.
STÉPHANE : C’était mon père et ma mère.
JÉRÔME : A un moment on vous donnait votre note.
STÉPHANE : On me donnait ma note. Et mon frère avait toujours des bonnes notes et moi des mauvais résultat, je n’avais jamais d’argent. J’ai jamais eu d’argent…
JÉRÔME : Est-ce que ça vous a marqué ?
STÉPHANE : Sans doute. Puisque j’en parle. Quand je le dis ça ne fait vibrer aucune douleur intérieure.
JÉRÔME : Mais c’est marrant, qu’est-ce qui fait vibrer votre douleur intérieure. Parce qu’on a l’impression que vous racontez tout sur un air qui est relax. Je domine ! Une fois de plus.
STÉPHANE : Je domine, oui. Evidemment ma mère était une femme dure avec moi, parce qu’elle était dure avec elle-même, mais au fond, dans la balance, je vais vous dire une chose qui va peut-être vous étonner, ce qui fait vibrer la corde sensible c’est de l’avoir perdue jeune. C’est pas tellement de se souvenir qu’elle a été dure, mais c’est de l’avoir perdue. Et on ne se remet jamais vraiment de la mort de sa mère. Surtout quand on la perd jeune. J’avais des rapports très… un peu conflictuels, évidemment, mais je l’adorais. J’y pense tous les jours. Ca fait 25 ans que je l’ai perdue, mais j’y pense tous les jours. Et je dois dire que j’ai l’esprit famille, oui. Je pense la même chose… ma grand-mère maternelle par exemple, j’y pense souvent. C’était une femme, oui, je ne sais pas, c’est mon lien avec le Luxembourg aussi peut-être. C’est quelqu’un qui me manque. Alors voilà, entre – c’est joli cette maison, incroyable – entre la douleur que ça a pu être, que m’ont infligé, j’ai le sentiment que m’ont infligé ma mère et mon père, la douleur plus dure c’est d’avoir perdu ma mère. Et j’ai de très bons rapports avec mon père. Mais pendant longtemps j’ai détesté mon père, je le voyais comme un type dur et en fait c’est ma mère qui était dure. C’était elle qui portait la culotte dans le ménage. Mais vous savez, elle m’a rendu de tels services ! J’étais un garçon difficile, encore une fois, parce que j’étais baroque, j’étais compliqué, je n’étais pas facile, je ne rentrais pas dans le moule, je voulais des choses… Voilà, j’étais difficile à éduquer. Et elle m’a donné vraiment de très beaux cadeaux qui sont mon éducation, être à l’aise partout, regardez, je suis bavard comme une pie… Vous imaginez, si je ne disais rien…
Etre père ne m’intéresse pas !
JÉRÔME : Est-ce que devenir père c’est quelque chose qui vous a chipoté ?
STÉPHANE : Au contraire, ça ne m’intéresse pas tellement.
JÉRÔME : C’est vrai ?
STÉPHANE : Je ne pense pas être assez intéressant pour penser que mon sperme est à ce point génial qu’il faut le transmettre.
JÉRÔME : C’est pas pour ça qu’on fait des enfants mon cher, hein.
STÉPHANE : Malheureusement il y a certaines personnes qui veulent absolument transmettre. Alors j’ai beaucoup d’enfants autour de moi, et j’aime les enfants, j’aime profondément les enfants…
JÉRÔME : Il ne faut pas dire ça en Belgique, retirez ce que vous venez de dire…
STÉPHANE : Non, j’aime les enfants mais… évidemment… Je pense qu’il n’y a aucune ambiguïté en la matière.
JÉRÔME : Non, non.
STÉPHANE : J’aime les enfants et j’en ai éduqué plus d’un. Autour de moi, ou des gens avec qui je vivais et qui avaient des enfants ou des neveux, ou mes propres neveux, et je crois que je suis plutôt bon…
JÉRÔME : Bon tonton.
STÉPHANE : Bon tonton, bon père, d’une certaine manière je me comporte comme tel, et j’adore ça, je raconte des histoires, alors que les parents n’en peuvent plus… j’ai une patience d’ange, on monter sur le dos, et raconte-moi une histoire… je suis infatigable. Et dans le même temps je crois que je ne m’aime pas assez pour me prolonger moi-même. Vous voyez ce que je veux dire ? C’est l’idée de… voilà une autre contradiction. J’aime les familles royales, c’est le principe même de la transmission, et j’ai pas envie moi-même de me transmettre. Je laisse des livres, je laisserai… ou rien, on m’oubliera et tant mieux.
JÉRÔME : Je vous aime bien.
STÉPHANE : Vous êtes sympa. C’est compliqué l’idée de… je vois certains animateurs qui vont mettre des petites graines dans des ventres de mères porteuses et tout, ça me choque. Ca me choque. Ca me choque pour une raison simple, c’est que la loi en France ne l’autorise pas. Et que c’est facile quand on a de l’argent d’aller le faire aux Etats-Unis. Mais je trouve que…Alors voilà, une chose que je pourrais faire ! Si la loi était moins hypocrite, j’adopterais des enfants.
JÉRÔME : Vous ne pouvez pas.
STÉPHANE : Non.
JÉRÔME : En France vous ne pouvez pas ?
STÉPHANE : En France vous ne pouvez pas adopter, si on ne ment pas sur ce qu’on est dans la vie.
JÉRÔME : Parlons-en.
STÉPHANE : Non moi j’en parle pas.
JÉRÔME : Est-ce que vous trouvez normal qu’un Etat ne permet pas à des couples d’adopter ?
STÉPHANE : Un état comme la France autorise… un couple hétérosexuel a le droit d’adopter.
JÉRÔME : Et pourquoi un couple homosexuel n’a pas le droit ?
STÉPHANE : En France on n’a pas le droit.
JÉRÔME : Est-ce que vous trouvez ça acceptable ?
STÉPHANE : Mais non, la France est un pays arriéré pour ça. La France est loin derrière la Belgique, l’Espagne, la Grande-Bretagne, le Luxembourg… enfin la plupart des pays civilisés qui nous entourent. La France est un pays… la population française est pour, étrangement, mais c’est l’Etat qui est contre. Parce qu’on a un Etat qui est…
JÉRÔME : Pourquoi l’Etat est contre ça ? Quel est le critère ?
STÉPHANE : Parce qu’il y a des lobbies. Je pense que si la Gauche passe en 2012 elle changera les choses. C’est pas pour autant que je vous dirai pour qui je vote, mais c’est vrai que c’est quelque chose qui me frappe. Je trouve ça…alors… c’est aller contre… j’en discutais, il y a une femme formidable qui est la ministre de la famille, en France, qui s’appelle Claude Greff, j’en ai parlé avec elle, parce que je lui dis il y a des situations qui existent, par exemple, une femme divorce, elle a des enfants, elle tombe amoureuse d’une autre femme, elle vit avec cette femme, qui elle-même a des enfants, ça devient une famille homoparentale. Mais la loi ne prévoit rien pour eux. Pour elles, C’est-à-dire qu’elles vivent ensemble, elles élèvent des enfants ensemble mais l’une n’a pas autorité sur les enfants de l’autre. La loi est faite pour être en conformité, enfin pour aider les gens à vivre… C’est quoi ça ?
JÉRÔME : Vous pouvez terminer votre phrase en même temps.
STÉPHANE : D’accord. Et donc le truc c’est que je trouve ça ridicule. Moi ce que je trouve ridicule, c’est mon opinion, ça n’engage que moi, c’est quand on est un personnage public on ne doit rien faire qui ne soit pas en conformité avec la loi. Je travaille en plus à la télévision, sur le service public. Ce qui veut dire que, je ne me drogue pas, parce que c’est interdit par la loi de consommer des stupéfiants, j’ai du mal à comprendre, j’accepte sur le plan personnel qu’on ait à raconter… la traversée de désert, on ne doit pas en faire l’apologie…
JÉRÔME : Personne n’est parfait.
STÉPHANE : Personne n’est parfait, non, mais on n’est pas obligé de montrer toute cette turpitude à la télévision, c’est la différence. On doit être d’une certaine manière exemplaire. C’est ma vision, peut-être, je sais que je mets la barre très haut. De même que la loi n’autorise pas de faire un enfant et de mettre sa petite graine dans le ventre d’une mère porteuse. Alors je ne vais pas aller le faire aux Etats-Unis et puis revenir en disant regardez, j’ai un enfant ! C’est ridicule. Par contre si je pouvais j’adopterais des enfants, parce que je trouve qu’il y a plein d’enfants malheureux sur terre, moi j’ai la chance d’avoir un salaire convenable alors j’aimerais bien en faire profiter des enfants. Alors je le fais, je suis parrain d’un certain nombre d’enfants en Asie… J’envoie des chèques tous les mois, des virements, pour être parrain d’un certain nombre d’enfants dans des villages SOS Enfants ou dans… en Asie, pour payer les études d’enfants que je ne verrai peut-être jamais, mais au moins voilà, ils n’ont pas besoin de savoir qui paie leurs études, le tout c’est qu’on leur paie leurs études et qu’ils ne soient pas obligés de se prostituer dans les rues de Manille ou de Bangkok. Et notamment donner aux filles la possibilité, alors vraiment s’il y a un combat que j’ai, je suis profondément féministe, c’est que j’estime…
JÉRÔME : Ca ne m’étonne pas de vous.
STÉPHANE : Les femmes, d’abord je préfère quand il y a des femmes qui dirigent un pays, toujours, je trouve que les femmes sont plus pragmatiques, alors il peut y avoir des exceptions comme Margareth Thatcher, c’est l’exception qui confirme la règle, ou Indira Gandhi, mais les femmes en général sont plus pragmatiques, c’est rare que des femmes envoient les hommes à la guerre. Et puis, là où je suis sexiste c’est que je trouve que si les filles dans certains pays, où on les considère mal, pouvaient aller à l’école, pouvaient avoir les mêmes chances que les garçons, et bien d’abord elles pourraient subvenir aux besoins de leur famille, elles ne seraient pas obligées de se prostituer. C’est quelque chose qui me révolte, la prostitution. Mais évidemment je ne condamne pas, je pense qu’il faut s’attaquer aux racines du mal. Et ne serait-ce qu’aider. La solidarité moi je crois, on est sur la même planète… je regarde le journal de 20h, j’ai toujours envie de pleurer, ça c’est quelque chose qui touche ma corde sensible, ah oui. Le malheur des gens, les témoignages de douleur me rendent malheureux. Alors je pourrais m’enfermer en me disant après tout, tu as un petit appartement sympathique, tu ne manques de rien, j’ai mes chiens, j’ai mes livres, j’ai la chance d’être aimé, d’aimer, enfin voilà, j’ai une vie agréable, et bien je ne peux pas. Voltaire disait : je serais plus heureux si les autres étaient moins malheureux.
JÉRÔME : C’est vrai. Ca s’appelle l’empathie.
STÉPHANE : Voilà. Ca s’appelle l’empathie.
JÉRÔME : C’est quand même la chose la plus rassurante qu’on nous ait donnée.
STÉPHANE : Mais c’est ce qui fait la différence entre les êtres humains et les animaux non ? L’humanité ! Mais bon, tout le monde n’en a pas forcément. Il y a M. Kabila, M. Mugabe.
J’aime la notoriété mais elle ne flatte pas mon égo !
STÉPHANE : (à des passants) ça va ? Ils sont gentils
JÉRÔME : Carrément. Vous savez, je dis à ma maman, elle me dit oh tu vas tourner quoi ?… Je fais : je serai avec Stéphane Bern. Et elle me dit, et je vous jure, c’est pas son genre, « avec Stéphane ! », mais par le prénom, « je l’adore ». Ma mère c’est pas du tout ce genre de femme, mais « avec Stéphane, je l’adore ». Donc par votre prénom. Une espèce de familiarité.
STÉPHANE : Une familiarité.
JÉRÔME : Mais comment ça se fait ?
STÉPHANE : Je ne sais pas.
JÉRÔME : Qu’est-ce que vous avez fait avec ma mère ?
STÉPHANE : Non, alors en même temps c’est une familiarité qui est très agréable, c’est une familiarité respectueuse.
JÉRÔME : Tout à fait !
STÉPHANE : C’est-à-dire que les gens sont très chaleureux avec moi mais ne sont jamais intrusifs.
JÉRÔME : Mais il y a de la familiarité, comment ça se fait ?
STÉPHANE : De la familiarité. Mais j’entre chez les gens tous les après-midi, tous les soirs, je suis bien élevé…
JÉRÔME : Vous êtes dans un costard qu’on ne peut pas se payer…
STÉPHANE : Si… Vous plaisantez ?
JÉRÔME : Avec une coiffure improbable…
STÉPHANE : Ah ça, la coiffure…
JÉRÔME : Mais oui, et vous serrez des mains à des gens qu’on ne rencontrera jamais et pourtant il y a connexion. Excusez-moi, c’est anormal.
STÉPHANE : Je sais, mais comme dit Luchini «c’est quand même un miracle, j’ai réussi à faire carrière avec le physique que j’ai ». Et ça c’est vrai que, avec une coiffure improbable et un physique comme le mien… c’est peut-être ça qui marche, les gens sentent que je ne me prends pas au sérieux et en même temps je les emmène dans un autre monde. Je les emmène dans l’histoire, ou je les emmène chez les grands de ce monde, ils ont le sentiment que… j’ai l’air bien élevé, ce que je suis, et donc le côté propre sur soi, vous voyez, donc « ah ben lui il a des manières ». Peut-être un peu trop d’ailleurs. J’ai appris les bonnes manières disons.
JÉRÔME : C’est fascinant de comprendre.
STÉPHANE : Les rapports avec les gens.
JÉRÔME : De comprendre que finalement, pour un acteur, pour un homme de télé, que plus vous êtes normal, plus les gens vont vous aimer.
STÉPHANE : Oui, et les gens sentent d’ailleurs que je suis… alors à la fois normal et en même temps… vous savez l’autre jour je montais, j’habite une rue en pente, et je montais, il y a un marché en bas, rue des Martyres, j’ai acheté, j’avais tout d’un coup envie d’une pomme, j’achète une pomme et je la croque. Un automobiliste s’arrête et me dit « ah ben dis donc Stéphane, tu mangerais ta pomme si t’étais chez la Reine d’Angleterre ? ». Je dis… là vous êtes pris en accusation parce qu’évidemment si j’étais à Buckingham je ne croquerais pas dans la pomme. Oui, les gens se sentent des droits et c’est sympathique. J’ai pris ça avec beaucoup de bonhomie en disant « et bien j’espère qu’elle me donnerait un couteau pour la couper ».
JÉRÔME : Est-ce que le fait d’être célèbre il y a… est-ce que ça vous rassure ? Est-ce que ça vous fait du bien ? Ca flatte votre ego ?
STÉPHANE : Ca fait du bien. Ca ne flatte pas mon ego.
JÉRÔME : Est-ce que prenez à la limite ça comme une revanche par rapport à tous les 2/10 que vous avez eu tous les soirs ?
STÉPHANE : Alors, ça prend une revanche sur le fait que personne ne me regardais quand j’étais en famille. Les gens me regardent et ils sont nombreux. Mais pour le reste ça ne flatte pas mon ego parce que je n’en ai pas beaucoup, donc ça n’a pas de sens avec l’ego. Et ça ne peut pas vous rassurer, la popularité. Ou la célébrité. Ca ne peut pas vous rassurer parce que dans ce cas c’est le Tonneau des Danaïdes, vous en voulez toujours plus. Vous voulez toujours être encore plus aimé… C’est un puits sans fond. Donc je ne rentre même pas dans ce jeu-là. Je ne veux surtout pas. Ce qui m’intéresse plus c’est d’établir un rapport avec les gens. C’est-à-dire que cette popularité ou cette célébrité m’a permis de rencontrer tous les gens que j’admire. D’abord tous les artistes que j’aime. Et puis les gens dans la rue, ou des gens qui viennent me voir au théâtre, ou des gens qui sont venus me voir dans mes émissions, à la télé, la radio, des êtres humains qui ont une richesse de vie. Ou je fais des choses, je sais que je vais vous surprendre, je présente des galas de charité, donc pour des œuvres caritatives, je crois avoir rencontré beaucoup de chefs d’Etat, et de femmes de chefs d’Etat, pour ces galas, la Fondation Montand pour la Reine de Suède, ou voilà, beaucoup de choses, l’autre jour j’ai présenté le gala pour l’Arménie avec le Président Sarkozy, mais le lendemain, c’est ça qui était drôle, je présentais le 25ème anniversaire de la Fondation Danielle Mitterrand avec Danielle Mitterrand et tous les altermondialistes qui étaient… notamment le créateur des forums sociaux mondiaux. Et ça m’a éclaté.
JÉRÔME : Vous vous y retrouvez.
STÉPHANE : Et je me retrouve, parce qu’il y avait des idées, j’ai pris des idées, je suis allé voir… alors le lendemain, je ne sais pas, il y avait un grand économiste, je lui dis : j’ai entendu des choses, là, avec ces gens des forums sociaux mondiaux, mais c’est vrai, il y a des choses simples à faire. Et je peux vous dire qu’on parlait de socialiser et de nationaliser les banques hein, pour les sauver. Enfin, le scandale Dexia ! Ca me rend dingue ! Quand vous dites que j’ai envie… Quand j’ai envie de casser la figure de quelqu’un, mais le patron de la Fortis, le patron de la Dexia, les gens mettent leurs économies dans les banques, ce n’est pas pour qu’ils aillent spéculer sur les dettes souveraines des autres pays ou des spéculations immobilières ! Enfin, il faudrait taxer, je ne suis pas un révolutionnaire comme vous avez pu le constater avec votre Quiz, mais il faudrait taxer à mort la spéculation financière ! Enfin, c’est pas possible !
JÉRÔME : Bien sûr.
STÉPHANE : Il faut redonner… si on veut à la fois dire aux gens qu’il faut qu’ils retrouvent le goût du travail, il faut qu’on taxe moins le travail et plus les revenus de l’argent qui dort.
JÉRÔME : Vous allez terminer révolutionnaire, faites attention !
STÉPHANE : Voilà les aspects pour lesquels je suis révolutionnaire. Ca me rend hystérique de voir ça. Et alors, voilà, je suis là, tout à l’aise, et les gens, je me marrais parce que les gens me disaient « ah camarade, t’as été très bien ! ». Je m’amusais ! J’étais très content. Mme Mitterrand m’a dit, elle m’a appelé après en me disant « merci, vous avez été parfait ». Donc j’étais content parce que j’ai présenté des galas pour Mme Giscard d’Estaing, parce que je suis membre de sa Fondation pour l’enfance, contre les enfants maltraités, violés, abusés, et je me bats vraiment au quotidien, je me suis battu avec la Fondation Claude Pompidou contre Alzheimer avec Mme Chirac, je me suis occupé… je connais un petit peu notre Première Dame Carla Bruni Sarkozy, et là maintenant enfin j’ai présenté une action pour Mme Mitterrand, donc voilà, je peux dire que j’ai servi toutes les Premières Dames dans leurs œuvres caritatives. C’est bien, je trouve que…voilà, autre héritage de ma mère : « tu dois donner, me disait-elle, à la mesure de ce que tu reçois ». C’est-à-dire, je reçois beaucoup du public, je me dois au public. C’est le public qui me fait vivre.
JÉRÔME : Ca c’est sûr.
STÉPHANE : C’est grâce au public que je suis là. Et donc vous devez tout donner au public. Y compris des choses de votre vie personnelle.
JÉRÔME : Mais en même temps le fait de devoir quelque chose, ou de mériter quelque chose, ça a un côté culpabilisant…
STÉPHANE : Oui. C’est vrai. C’est pas faux. Alors il faut apprendre à vivre avec. Mais on peut s’en extraire. Si vous voulez ce n’est pas un don, un devoir. C’est simplement ma nature aussi de dire… je vois l’autre jour j’étais à un festival… je ne sais pas dire non, j’ai un gros problème dans la vie, on me demande, je dis oui.
JÉRÔME : C’est vrai ? Vous avez 500 balles ?
STÉPHANE : Heu… Non malheureusement je ne les ai pas, je vous dirais bien oui, mais pour le coup je ne les ai pas. Non mais quand on me dit tiens, est-ce que vous ne voulez pas aller présenter le Festival du Film historique, près de Vendôme, dans un petit village ?
JÉRÔME : Vous y allez.
STÉPHANE : J’y suis allé. Un week-end. Mais tout le village était là. Alors cela dit je n’ai jamais vendu aussi bien mon livre lors d’une séance de dédicaces parce que tout le village était là pour l’acheter, et ensuite il y a eu la présentation, il y avait les édiles, le conseil général, le conseil régional, le maire, les adjoints, c’était une visite d’Etat, j’avais l’impression d’être le Roi des Belges qui arrivait pour une Joyeuse Entrée, et ce qui était fabuleux c’est que j’ai reçu tellement d’amour, tellement de gentillesse, et je me dis : j’ai bien fait de venir. Parce qu’il y a eu un échange. Les gens étaient… J’ai eu le sentiment de donner, que les gens étaient contents. Parce que tout d’un coup j’ai improvisé un discours, le maire avait préparé un discours, c’était fait avec tellement de gentillesse et de générosité que… Voilà, ma mère m’a appris à donner à la mesure de ce qu’on reçoit. Donc je le fais.
« Secrets d’histoire »…
JÉRÔME : Comme vous nous avez donné un peu, vous avec 45’’ d’antenne sur la RTBF pour vendre votre livre.
STÉPHANE : J’ai pas à le vendre. Vous savez, ceux qui connaissent mes émissions « Secrets d’histoire »…
JÉRÔME : Ca cartonne.
STÉPHANE : Ca marche très fort à la télévision. Ce que j’ai voulu… Moi je trouve que l’histoire est parfois mal enseignée. On dégoûte les jeunes de l’histoire alors que l’histoire c’est les passions humaines. Il y a le goût du pouvoir, le goût de l’argent et le goût de l’amour, du sexe. Donc c’est les passions humaines au fond qui sont au cœur des « Secrets de l’histoire ». Moi ce qui m’a fait aimer l’histoire c’est toutes les intrigues, l’histoire non officielle, l’histoire secrète, les coulisses. Et c’est ça que j’ai eu envie de raconter. Et en plus avec l’ADN aujourd’hui on arrive à révéler vraiment ce qui se passe dans l’histoire. Donc je me suis replongé déjà dans le 1er tome, maintenant dans le 2ème tome aussi, ce sont tous ces grands mystères qui m’ont fait aimer l’histoire. Jack l’Eventreur, les Borgia, Agnès Sorel, Kaspar Hauser, ce sauvageon dont on pensait qu’il était issu d’une grande famille, mais il y avait aussi, je ne sais pas, Dimitri le faux tsarévitch, les Rois Maudits, Toutankhamon… est-ce que la tombe de Toutankhamon porte malheur aux égyptologues qui sont allés le déterrer. Voilà, c’est toutes ces énigmes de l’histoire.
JÉRÔME : Bon, est-ce que les historiens vous crachent dessus ? Dans la rue.
STÉPHANE : Non.
JÉRÔME : Ou ils sont cool ?
STÉPHANE : Les historiens sont plutôt gentils avec moi pour une raison simple, c’est que je n’ai jamais prétendu être historien. Je suis un raconteur d’histoires. Et que je m’appuie sur leurs travaux, je rends hommage à leurs travaux pour pouvoir faire mon travail.
Oscal Wilde, Heinrich Heine…
JÉRÔME : Vous pouvez prendre une petite boule, là. Regardez. Au hasard.
STÉPHANE : J’ai mérité une boule. Il y a un cadeau dedans ?
JÉRÔME : Il y a un cadeau dedans.
STÉPHANE : Yeh ! Alors ? « Il est deux choses des plus émouvantes dans la vie, la laideur qui se sait et la beauté qui s’ignore », c’est beau. Oscar Wilde.
JÉRÔME : C’est pas mal hein.
STÉPHANE : C’est pas mal. Oui. C’est un personnage qui fait partie de ma vie.
JÉRÔME : Est-ce qu’Oscar Wilde est un personnage que vous aimez ?
STÉPHANE : J’aime beaucoup les aphorismes d’Oscar Wilde, j’aime beaucoup… « Il ne faut jamais succomber, sauf à la tentation ». Ce que je trouve formidable.
JÉRÔME : Magnifique.
STÉPHANE : Magnifique. Et j’aime bien Oscar Wilde. J’ai d’ailleurs fait partie du Cercle Oscar Wilde, je remettais chaque année le Prix Oscar Wilde…
JÉRÔME : Vous avez le temps de faire ça quand ? Attendez, vous faites de la radio, vous faites de la télé, vous faites de la presse écrite, vous êtes rédacteur en chef, vous écrivez des bouquins, vous venez à Bruxelles fricoter…
STÉPHANE : Oui…
JÉRÔME : Mais comment vous faites ?
STÉPHANE : Mais parce que j’ai une vie bien remplie. Mais surtout vous savez, toujours parce que je n’ai pas su dire non comme on me l’a proposé, ensuite parce que c’est une princesse qui est présidente d’honneur, c’est Maria Pia de Savoie, présidente d’honneur du Cercle Oscar Wilde, des amis d’Oscar Wilde et parce que, avec l’âge, la notoriété, on vous propose toujours d’entrer dans des comités, d’entrer dans des jurys littéraire, je fais partie du jury Hugues Capet, du jury du prix Grand Siècle, du roman historique, du jury du prix Oscar Wilde, voilà ça fait partie des prix que je… et en plus on voit des gens charmants et intéressants, parce que chaque fois je partage avec d’autres gens brillants hein.
JÉRÔME : Allez, prenez en une autre.
STÉPHANE : En fait il se passe plein de choses dans votre taxi, c’est incroyable, c’est pas juste un taxi. « Dieu me pardonnera, c’est son métier », Heinrich Heine. J’adore. Mais vous les avez choisis pourquoi ? Parce que quelque part vous avez lu que j’aimais Heinrich Heine ? Que j’aimais Oscar Wilde ?
JÉRÔME : Je ne sais pas.
STÉPHANE : C’est fou ça. Ou alors vous faites du très bon boulot…
JÉRÔME : C’est qui Heinrich Heine ?
STÉPHANE : Un grand poète, qui m’a beaucoup… malheureusement j’aimerais maîtriser assez bien l’allemand pour pouvoir le lire dans le texte.
JÉRÔME : Mais pourquoi il vous a plu Heinrich Heine ?
STÉPHANE : Parce que… ah, c’est le romantisme, c’est une forme de romantisme que j’aime. C’est moins larmoyant que Lamartine mais c’est assez tourmenté.
JÉRÔME : Vous connaissez deux vers de Heinrich Heine ?
STÉPHANE : Je serais incapable de vous en citer parce que ma mémoire est défaillante.
JÉRÔME : Il disait quoi là ?
STÉPHANE : « Dieu me pardonnera, c’est son métier ».
JÉRÔME : C’est beau ça hein ?
STÉPHANE : C’est beau, oui. J’aimerais être croyant mais je suis agnostique. Je crois en Dieu mais je ne crois pas aux religions. Je n’ai pas de religion comme dirait l’autre.
Je crois en Dieu mais je ne crois pas aux religions !
JÉRÔME : Est-ce que votre judaïté c’est quelque chose que vous avez un peu repoussé ?
STÉPHANE : Je l’ai repoussée un temps, je l’accepte mais elle a moins d’importance qu’on aimerait me le rappeler. Comment vous dire ? J’aime trop l’humanité pour me concentrer sur une seule partie. Je trouve que…
JÉRÔME : Oui mais croire ce n’est pas rejeter les autres.
STÉPHANE : Mais je crois, je crois en Dieu mais je ne crois pas aux religions. Les religions asservissent plutôt l’homme. Elles ont été faites pour gouverner, pour nous rappeler qu’il y a des règles etc… Ce qui est très bien, mais aujourd’hui quand on nous dit, on nous explique comment il faut se marier, comment il faut coucher, comment il faut faire l’amour… ça va ! Ecoutez, j’ai l’impression, avec l’église et les religions, la religion juive pareil, les autorités en tout cas qui l’incarnent, ils passent leur temps à se demander au lieu de parler de théologie et de l’amour du prochain, on passe le temps… d’abord on fait la guerre au nom de Dieu, partout dans le monde, c’est le seul… à part deux, trois points dans le monde où on se bat pour un territoire, on ne se bat qu’au nom de Dieu. Partout. C’est des extrémistes de tout poil qui se battent. Alors…
JÉRÔME : Du dollar aussi.
STÉPHANE : Oui, l’argent, le pétrole, des choses comme ça. Mais les autorités religieuses passent leur temps à se demander si on doit prendre des préservatifs ou pas, si l’avortement ou pas, si l’euthanasie ou pas, enfin des questions de société évidemment importantes…
JÉRÔME : C’est important.
STÉPHANE : C’est important…
JÉRÔME : Le problème c’est que c’est toujours ou pas.
STÉPHANE : Oui, alors intéressons-nous à la vie des gens. Quand vous êtes en Afrique et que vous voyez que le Sida est en train de faire des ravages, et bien invitons les gens à mettre des préservatifs. D’abord à être fidèles évidemment, et puis ensuite à mettre des préservatifs s’ils ne le sont pas.
Je suis devenu jeune à 40 ans !
JÉRÔME : Heinrich Heine il dirait « Dieu me pardonnera, c’est son métier ».
STÉPHANE : On avait beaucoup de choses en commun.
JÉRÔME : Par exemple.
STÉPHANE : On avait sans doute des choses à se faire pardonner.
JÉRÔME : C’est quoi vous ?
STÉPHANE : Je n’ai peut-être pas la vie qui correspond à tout ce que mes parents espéraient de moi ou peut-être ce que le public attendait de moi. Je ne sais pas.
JÉRÔME : Et vous devriez vous faire pardonner de ne pas être celui qu’on attendait de vous ?
STÉPHANE : Pendant longtemps j’ai essayé. Pour vous dire la vérité, maintenant je m’en fiche.
JÉRÔME : Ca fait du bien non ?
STÉPHANE : Oh ça fait du bien. Vous savez, ça fait 20 ans que j’ai obtenu une chose sur moi-même, c’est : je me moque du regard des autres. Je veux bien… je veux être aimé pour de vraies raisons mais je ne veux pas être aimé pour de mauvaises raisons et je ne veux pas être détesté pour de mauvaises raisons. Si on me déteste, au moins que ce soit pour des vraies raisons.
JÉRÔME : A un moment vous vous êtes dit : il faudrait que je me fasse pardonner de ne pas être le fils qu’ils auraient voulu ?
STÉPHANE : Non. Non mais j’ai joué au gendre idéal, oui. J’ai joué à ça. Au type propre sur lui. Vous savez, le temps de « Saga », les cheveux en arrière, bien peignés, propres, le costume cravate. J’étais vieux à 20 ans et je suis devenu jeune à 40. C’est étrange hein. C’est une chose étrange que la vie. J’ai déboutonné mon corset. Quand je suis arrivé à France Inter puis à Canal +.
JÉRÔME : Et ça a été quoi ? C’est France Inter et Canal + ?
STÉPHANE : C’est une révolution intérieure. Mais ça s’est vu, ça m’a aidé. France Inter m’a aidé à déboutonner ma cravate et mon corset, à me lâcher en fait. Et en fait je dis les choses, je les dis avec bienveillance mais je dis tout ce que je pense. Si vous prenez dans la durée tout ce que je vous ai raconté, je dis des choses, je dis tout ce que je pense, c’est parfois dans l’air du temps, c’est parfois à contre-courant, mais c’est toujours bienveillant. Il y a des gens vous savez qui pensent toujours… qui sont toujours dans l’opposition, qui pensent que… ce sont les tonneaux vides qui font le plus de bruit. Alors je me dis que ça ne sert à rien d’hurler, il faut juste dire les choses gentiment, avec bienveillance, parfois vous avez plus de chance d’être entendu. Mais il faut le dire.
Stéphane n’a pas payé sa course !
STÉPHANE : Dites donc, quand est-ce que vous aurez un gouvernement stable dans ce pays ?
JÉRÔME : Ecoutez, on pleure pour l’avoir. C’est bientôt. Je pense que c’est bientôt parce que là il y a…
STÉPHANE : J’aimerais bien. J’aime tellement la Belgique. Le Roi a fait un électrochoc, j’espère durable, parce qu’il faudrait vraiment que ce pays reste uni, s’en sorte, avec des aménagements…
JÉRÔME : Ca, ça va être le cas, ils sont en train de négocier. Ca va être le cas, il y aura des aménagements, mais ce n’est pas grave d’évoluer et d’aménager les choses.
STÉPHANE : C’est pas grave bien sûr d’évoluer mais enfin, vous savez, il ne faut pas mettre non plus des barrières avec son voisin. Vous savez c’est bien d’avoir une haie, parfois, pour avoir la vie privée séparée, mais ce n’est pas la peine de faire des murs parce que les murs c’est ce qu’on voit entre Israël et les Palestiniens et moi ça ne m’enchante pas. Surtout les murs de mots. Les murs commencent toujours par des mots de haine.
JÉRÔME : Ca on les a eu.
STÉPHANE : Oui. Je sais.
JÉRÔME : C’est incroyable.
STÉPHANE : Dites donc, il fait nuit !
JÉRÔME : Il fait nuit.
STÉPHANE : Ca fait des heures qu’on roule ensemble.
JÉRÔME : C’est vrai. Mais regardez, vous arrivez à destination. Nous y sommes dans quelques secondes.
STÉPHANE : Tiens, ça me permet de voir « Baudouin 1er, photographie d’un Roi ». Il y a une femme que j’aime beaucoup, c’est la Reine Fabiola. Elle a toujours été très gentille avec moi. Et je l’ai vue un jour à l’Elysée, c’était juste avant… le Président Mitterrand avait fait un diner pour le Roi Baudouin et la Reine Fabiola, c’était fin 92, c’est-à-dire 6 mois avant la mort du Roi. Le Roi avait été opéré à cœur ouvert par le Professeur Carpentier je crois, et la Reine, je parlais avec la Reine et elle me disait… d’abord elle hurlait dans l’Elysée, elle l’appelait « querido, querido »… chéri, chéri, en espagnol, ça changeait de l’air compassé, parce que sous François Mitterrand l’Elysée c’était un peu compassé, et à un moment je lui dis : madame, est-ce que vous aimez être à Paris ? Elle me dit : vous savez Dieu et Paris ont sauvé mon Roi. Ca m’avait touché. Parce que pour elle Paris c’était la ville où son mari avait été opéré à cœur ouvert et on l’avait sauvé. Malheureusement il est mort 6 mois plus tard.
STÉPHANE : On est arrivé ?
JÉRÔME : Vous êtes à destination Stéphane.
STÉPHANE : Merci.
JÉRÔME : Et je vous remercie.
STÉPHANE : C’est moi qui vous remercie.
JÉRÔME : Pour la balade.
STÉPHANE : Merci à vous. C’était un moment très agréable en fait.
JÉRÔME : Alors ça va. Au revoir. Vous ne payez pas ou quoi ?
STÉPHANE : Ben vous n’avez pas mis le compteur.
JÉRÔME : Bien sûr je l’ai mis. 82.
STÉPHANE : 82 euros ? Je paie. Vous prenez la carte ?
JÉRÔME : Vous comptiez partir sans payer.
STÉPHANE : Mais non, il n’y avait pas de compteur. Normalement il y a un compteur.
JÉRÔME : C’est vous qui disiez tout à l’heure j’aime pas les radins.
STÉPHANE : Mais y’a pas de compteur dans votre taxi ! Ok. Prouvez-moi que c’est 82 !
JÉRÔME : Il n’y en n’a pas.
STÉPHANE : Y’a pas de compteur !
JÉRÔME : Non.
STÉPHANE : Ben voilà. A bientôt. Merci pour votre gentillesse.
JÉRÔME : Passez une excellente soirée.
STÉPHANE : Je vais essayer. Au revoir.
JÉRÔME : Au revoir.
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