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mercredi 27 avril 2011

L'entretien du dimanche. Stéphane Bern : «Kate et William incarnent la modernité»

Pas un mariage royal sans Stéphane Bern. Vendredi sur France 2, il mariera Kate et William. Deux milliards de téléspectateurs sont attendus pour le mariage du siècle. Un engouement qui ne surprend pas l’animateur.

>> Le prince William épouse une roturière. Shocking or not ?
C’est une évolution normale et tous les trônes d’Europe ont basculé dans ce sens-là. C’est ce qui va permettre à la monarchie britannique de rentrer dans la monarchie du XXI e siècle. Le Prince William a un vrai dilemme : il est pris entre une normalité dans laquelle il a été élevé, et un destin exceptionnel. Il a les aspirations de tout le monde mais sait que son destin entraîne celui de son pays. Kate est une fille de la middle class (NDLR : classe moyenne) dont les parents ont fait fortune. Elle fait partie d’une classe qui s’est enrichie, qui a voulu donner à ses enfants le meilleur bagage social et qui s’élève dans l’échelle sociale au point d’accéder non pas au pouvoir suprême car c’était déjà fait sur le plan politique, mais à ce qui fascine les Anglais : la famille royale.
>> Camilla aussi était roturière…
Je ne considère pas Camilla comme une roturière. Elle fait partie de la haute bourgeoisie, alliée à l’aristocratie terrienne. Avec Kate, on est dans la middle class et le phénomène de conte de fée fonctionne à bloc. Le peuple s’identifie complètement à son destin.
>> Pourquoi William a mis autant de temps à la demander en mariage ?
Parce qu’il ne voulait pas reproduire le schéma de ses parents qui s’étaient vus dix fois avant de se marier. Ils ont passé huit ans ensemble avec des moments de doute et de repli. Ils se marient en connaissance de cause.
>> Qu’incarne le couple de Kate et de William ?
C’est la modernité placée au sommet de la pyramide. La monarchie est en train de faire ce que les hommes politiques n’ont pas su faire : effacer le fossé qui sépare le peuple de ses institutions. La famille royale est plus proche du peuple que les hommes politiques.
Par exemple, il y a quelques semaines, la Reine d’Angleterre est rentrée de ses vacances par un train normal, en première classe. Le même week-end, François Fillon partait dans la Sarthe avec un Falcon de la République à 280 000 euros le voyage. Il y a une famille royale proche du peuple et des hommes politiques déconnectés.
La Reine avait promis de tirer les leçons de la mort de la Princesse de Galles et elle l’a fait. William et Kate vont vivre dans un cottage, sans personnel. De temps en temps, ils assisteront à des cérémonies officielles et s’occuperont des 26 associations dont ils sont les parrains.
>> Un mariage royal, c’est aussi un peu ringard ?
Oui c’est désuet mais dans un pays qui n’a pas de constitution écrite, où la monarchie représente la tradition, c’est un rite. Cela permet à tout un peuple de communier. C’est un phénomène d’identification comme le décrit Bettelheim dans « Psychanalyse des contes de fées ». Aujourd’hui, il y a un repli d’identitaire et la monarchie permet de ne pas souffrir de ce repli. Tant que ce symbole sans aucun pouvoir politique perdure, il jouera le rôle de rassembleur. Nos présidents sont incapables de le faire.
>> Quel rapport les Britanniques ont-ils à leur royauté ?
Ils ont un rapport charnel et critique. C’est consubstantiel à la nation britannique. C’est un pouvoir à visage humain. Dans un monde où tout nous échappe, où les gens ont le sentiment de ne rien diriger même par leur vote, la monarchie apparaît comme un jalon. Un repère.
>> Ce mariage sera-t-il moderne ?
Les mariés sont modernes. Snoop Dog sera là ; des couples homos aussi. Donc il y a une vraie modernité. Mais parallèlement, les rites vont montrer à 2 milliards de personnes que la continuité est là. Ce que l’on verra le 29 avril est la même chose que ce que d’autres ont vu il y a 1 000 ans. C’est ce qui va renforcer ce sentiment d’appartenance à une nation.
>> Qu’est-ce que l’engouement pour ce mariage dit de nos sociétés ?
Que l’on est en train de revenir vers l’immuable, l’intangible. Qu’il y a un retour en arrière. Dans les monarchies, on se retourne vers les racines. Mais dans les pays où il n’y en a pas, on se cherche et cela ouvre la porte à ceux qui jouent la carte du repli identitaire, donc Marine Le Pen en France. Je préfère une princesse comme Kate qu’une Marine Le Pen. George Orwell dans « 1984 » écrivait : « Tant qu’on promènera des figures de cire dans un carrosse, on évitera les Hitler ou les Staline ».
>> Kate a-t-elle tout d’une future Reine ?
Elle a compris le job. Le job c’est aliéner sa vie privée sur l’autel de la monarchie. Du jour au lendemain, vous ne vous appartenez plus et vous êtes toujours en représentation. Il faut accepter de ne pas avoir de vie privée pour que 60 millions de personnes vivent tranquilles. Elle a accepté alors que Diana ne l’a jamais fait. Diana était un pur produit de l’aristocratie. Elle était de ces familles qui donnent des époux à la famille royale. Elle rêvait comme une midinette du Prince Charmant. Kate, pas du tout : elle sait quel job elle accepte. Elle est du peuple et ne tente pas de ramener la monarchie vers le bas mais au contraire grimpe les marches qui permettent de monter sur le piédestal. Elle préserve l’aura et la mystique de la monarchie. C’est très important. C’est ce qui permet le phénomène d’identification.
Propos recueillis à Paris

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