Le premier ministre veut établir l'égalité des sexes entres héritiers du souverain.
Ce n'est pas une révolution, mais une réforme importante dans les règles de la monarchie britannique. David Cameron a annoncé mercredi à la Chambre des communes son intention de modifier l'ordre de succession au trône. L'abolition de la règle de primogéniture masculine instituerait l'égalité entre les héritiers, quel que soit leur sexe. Cela permettrait à une princesse de devenir reine même si elle a un frère cadet, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Si le premier enfant de William et Kate est une fille, celle-ci serait donc en première ligne pour la succession, alors qu'un éventuel jeune frère lui passerait devant, dans l'état actuel de la législation.
Le premier ministre lance ce vaste chantier afin de prévenir une éventuelle crise constitutionnelle si le
couple princier donnait naissance à une fille. «C'est un mouvement audacieux car il s'agit rien de moins que de changer des règles en vigueur depuis la fin du XVIIe siècle, souligne Richard Grayson, historien à la Goldsmiths University of London. Ce serait un grand pas qui projetterait la monarchie dans l'époque moderne.»
La reine n'a pas son mot à dire
Au passage, David Cameron ambitionne de réformer un autre principe séculaire du régime: l'interdiction pour le monarque d'épouser un catholique, alors que rien ne l'empêche sur le papier de se marier avec un représentant de toute autre religion. En revanche, le souverain britannique ne pourra toujours pas embrasser lui-même la religion catholique, puisqu'il est chef de l'Église anglicane.L'ancien premier ministre Gordon Brown avait déjà lancé la réflexion sur la question. Une telle réforme risque de prendre des années avant d'entrer en vigueur. Elle doit en effet être ratifiée non seulement par le Royaume-Uni mais par les quinze autres États membres du Commonwealth (Australie, Canada, Nouvelle-Zélande, Jamaïque, Papouasie-Nouvelle-Guinée…). Cameron a donc écrit à chacun de ses homologues et mis le sujet à l'ordre du jour du sommet qui les réunira en Australie à la fin du mois. «Nous soutenons l'égalité des sexes dans tous les autres aspects de la vie et c'est une anomalie que les règles qui régissent la plus haute fonction publique continuent de promouvoir la supériorité masculine», affirme le premier ministre dans sa lettre.
Conformément à son statut, la reine ne s'est pas exprimée sur la question. Selon Downing Street, Buckingham ne sera pas impliqué dans la réforme, qui relève de la compétence du gouvernement et du Parlement. «J'imagine toutefois que, ne serait-ce que pour des raisons de bienséance, le premier ministre a abordé le sujet lors de ses rencontres avec la reine», commente Richard Grayson. Selon lui, la popularité d'Élisabeth II, dont le jubilé de diamant (soixante ans de règne) sera célébré l'an prochain, contribue à promouvoir une telle réforme. «Si elle avait eu un petit frère, elle n'aurait pas régné», constate l'historien. Le mariage princier du printemps a également mis le sujet à l'ordre du jour. Quel que soit le temps nécessaire pour ratifier ces changements, les descendants du prince William seraient les premiers à en bénéficier. Cela ne modifierait donc pas l'ordre de succession dans la génération du prince Charles; la princesse Anne restera derrière ses frères cadets Andrew et Edward.
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